De plus en plus de personnes choisissent un statut d'indépendants, Selon Eurostat, le nombre des free-lances a augmenté de 85% au cours de ces dix dernières années et plus de la moitié d'entre eux ne signeraient pas un CDI si on leur en proposait un . Quelles en sont les raisons ; du fait du développement des nouvelles technologies et du télétravail ou pour échapper aux managers toxiques. Faut-il tout accepter pour un travail ? La génération Y est complètement dans cette démarche. Un salarié doit-il se rendre malade (brun out, dépression, bore out...) pour un salaire ? Avec quelle productivité et quelle appétence pour son activité ?
En tant qu'enseignant, il me semble souhaitable que les étudiants en alternance de mon module puissent être forces de proposition dans leur entreprise. Une collègue me faisait remarquer que cela pouvait être mal vécu par les managers de ces étudiants, qui pourraient se sentir remis en cause dans leurs prérogatives. Comment réagir, en tant que manager, si un étudiant, en alternance, arrive avec des propositions d'organisation ou de process visant à améliorer le fonctionnement du service ? Voilà la bien le fond du problème, un manager se sent légitime dans son rôle parce qu'il considère qu'il sait mieux faire que les membres de l'équipe. Que ces derniers n'ont rien à lui apprendre. Or un manager n'est pas un technicien mais un membre de l'équipe qui doit tirer le meilleur de chacun des autres membres pour arriver aux meilleurs résultats possibles. C'est donc son rôle de faire émerger les meilleures idées même des plus jeunes et des plus inexpérimentés. Bien sûr travailler l'intelligence collective pour s'en approprier les meilleures idées, c'est à coup sûr, annihiler toute envie de participation des membres du groupe.
Nous en avons conclu que si l'étudiant, qui apportait de vraies idées, créatrices de valeurs pour L'entreprise, était censuré ou non pris au sérieux, devait aller voir ailleurs si une écoute plus attentive pouvait lui être réservée.
Est-ce une attitude cynique ? Tout d'abord qu'est-ce que le cynisme ? Le LAROUSSE donne la définition suivante du cynisme "Attitude cynique, mépris effronté des convenances et de l'opinion qui pousse à exprimer sans ménagements des principes contraires à la morale, à la norme sociale."
Il n'est pas question ici de déterminer s'il est bien ou mal de quitter l'entreprise qui ne nous considère pas. Par contre il me semble très intéressant de se pencher sur la "norme sociale". J'ai vécu dans un environnement qui m'a toujours incité à trouver du travail. Les termes utilisés ne laissent pas de place aux choix. Trouver du travail pour gagner sa vie. Il ne s'agit pas d'être bien dans "ses baskets mais bien d'accepter la norme sociale. Alors oui un salarié doit être cynique et changer d'entreprise quand il ne se reconnaît ou ne s'épanouit pas dans celle où il est. A ce titre faire bénéficier des indemnités chômage un salarié qui démissionne me semble être une bonne chose. Quel intérêt pour une entreprise de verser un salaire à une personne qui ne se sent pas bien dans ses rangs ? Autre vertu au cynisme, celle de forcer les entreprises à faire le ménage parmi ses managers et de se débarrasser de ceux qui n'ont pas compris qu'ils sont là pour faire progresser leur équipe et non pas la réduire au silence.
Le philosophe Peter SLOTERDIJK disait des cyniques : « À la limite de la mélancolie, ils peuvent garder sous contrôle leurs propres symptômes de dépression et ainsi maintenir leur aptitude au travail, quoiqu'il puisse arriver... En effet, c'est là le point essentiel du cynisme moderne : l'aptitude de ses supporters à travailler, en dépit de tout ce qui peut survenir. »
La génération Y et les suivantes sont sans aucun doute cynique mais ils conservent une farouche envie de travailler ; aux entreprises de s’adapter et de travailler leur RSE…
