XXIème siècle et essor des StartUp
Commençons par comprendre ce qu’est une « startup ». D’après le LAROUSSE une startup est une « jeune société innovante, dans le secteur des nouvelles technologies ». La traduction littérale peut être : jeune pousse. C’est une définition incomplète et trop sommaire. Je définirai la startup comme une société jeune essayant de mettre en œuvre une idée novatrice, nouvelle et qui doit définir son business modèle. Il régnerait donc dans les locaux de ces sociétés une ambiance particulière. Pour qui à déjà eu l’occasion de visiter ce type d’endroit, un meuble particulier y est souvent mis en valeur : le babyfoot. Le babyfoot est-il donc le totem indispensable à tout lieu se réclamant avoir l’esprit startup ?
Chacun apportera sa réponse. Force est de constater que, par exemple à la Station F, des bornes ARCADES ou un babyfoot trône au milieu de la grande salle commune. Alors avoir l’esprit startup est-ce avoir un esprit ludique et tourné vers le jeu ? ne faudrait-il pas énoncer la même chose mais sous une forme affirmative. Lorsqu’ avec des étudiants, nous avons échangé sur l’esprit startup, différentes idées et différents mots ont été prononcés.
Une vision-un concept
A l’origine de la startup il y a une idée, souvent liée aux nouvelles technologies et qui a pour ambition de satisfaire un besoin, non encore satisfait. Il est surprenant de constater que souvent, ces créateurs, vont œuvrer plusieurs mois, voir plusieurs années sans rémunération. L’idée est le moteur de leur conviction et semble plus fort que tout. Voilà bien une nouvelle façon d’aborder le milieu professionnel.
Je ne me souviens pas avoir fait quelque chose par passion mais souvent par ambition ou nécessité. Le besoin de créer et d’innover semblent au-dessus des contingences matérielles de notre société. Le créateur de startup a pour seul besoin, celui de faire vivre son idée. Autre thème abordé lorsque l’on évoque le mode des startups, le vocabulaire employé. Un Pitch, un serial entrepreneur, le crowdfunding, un incubateur, une levée de fonds, le Lean startup, licorne, proof of concept (POC ou démonstration de faisabilité) … Cet écosystème pour exister utilise un vocable qui lui est propre ce qui a pour conséquence de le rendre hermétique aux non-initiés. Cela ne fait que renforcer les fantasmes autour du monde des startups.
Equipe-management
Comment travaillent « ces jeunes pousses » ? Dans l’esprit des étudiants interrogés le mot collaboratif revient régulièrement. Ce n’est pas une entreprise comme les autres, souvent de petite taille, il y est plus facile de s’exprimer et de donner son avis. Il y règne donc bien un « esprit » particulier et la notion de valeur d’entreprise, d’agilité et de mode projet sont omniprésents. Il n’est donc pas surprenant de constater que bon nombre de jeunes sont attirés par ces lieux de création où la parole circule dans le but de trouver la bonne solution. Moins de hiérarchie, plus de bienveillance et la créativité à tous les étages. La motivation du porteur de projet est plus forte que l’ambition, l’argent ou le titre. D’où la présence du babyfoot, des salles de repos ou des endroits dédiés à la créativité et aux rêves. « L’utopie n’est-elle pas la réalité de demain ? » selon Victor HUGO. Certes il est permis de croire que ces startups n’ont pour seule ambition que de fabriquer du rêve ou des utopies. Mais à y regarder de plus prés l’Agilité, le Lean Management ou l’Holacratie n’ont rien d’anarchique ou de chimérique. Tout est organisé, structuré, pensé pour plus de résultats et une meilleure productivité. Il semble que la carotte et le bâton soient dépassés et que pour se motiver et même se dépasser, l’être humain ait besoin d’autres choses.
Finances
Certes toutes ces notions sont attirantes, mais n’oublions le but de toute entreprise dans un système capitaliste : gagner de l’argent. Alors avoir des idées c’est bien mais encore faut-il que cela rapporte. Les phases d’amorçage ou de démarrage peuvent être insouciantes et grisantes. Mais arrivent vite des étapes beaucoup plus importantes et parfois douloureuses. Il faut des fonds pour faire perdurer cette idée novatrice. Pour cela il est nécessaire de s’adresser à un monde autrement plus réaliste. Même si la notion de risques est omniprésente dans une startup c’est, certainement, la notion la plus détestée des investisseurs. Il est inconcevable de ne pas récupérer les fonds investis sans y ajouter quelques bénéfices. C’est une, autre, phase capitale qui entraine la disparition de nombreuses startups. Une première levée de fonds peut apporter de quoi vivre pendant plusieurs mois, à condition de bien gérer cet argent et de l’utiliser à bon escient : rendre l’idée viable. Le temps de la croissance est venu, les premiers clients sont conquis et le chiffre d’affaires décolle.
Tout cela ressemble fort à la vie de toute entreprise. La création à partir d’une idée, l’organisation nécessaire au développement et les levées de fonds indispensables à la croissance. Oui mais avec un « esprit » particulier et une nouvelle vision du monde du travail. Une startup est un peu comme un artiste qui doit rencontrer son public. Il n’est pas loin de penser que les gens qui composent ces startups soient des artistes qui ont besoin d’un environnement particulier pour composer. Voilà comment des centaines de sociétés de nos jours inventent l’avenir et s’efforcent de concrétiser une idée en Business Model. Avec l’ambition ultime de devenir une Licorne. Il est d’ailleurs surprenant de constater que le chiffre d’affaires importe peu et que seule la capitalisation boursière prévaut.
